Ours dans les Pyrénées : la Préfète de l’Ariège aurait-elle dérapée ?

Le 30 septembre, l’association ASPAP hostile aux importations d’ours dans les Pyrénées et à ceux qui en sont issus, diffuse une lettre ouverte à Mme la Préfète de l’Ariège suite à sa conférence de presse du 24 septembre dernier qui avait quelque peu choqué les éleveurs ariégeois.

Dans cette lettre : « L’ASPAP souligne le caractère incomplet et biaisé des données sur lesquelles Mme la Préfète, mal informée, s’est basée pour intervenir ». Il faut admettre que les propos tenus par la Préfète à France 3 apparaissaient en décalage par rapport aux informations dont nous disposions. Il lui manquait, manifestement, quelques éléments du puzzle. De la même manière, nous avions été étonné que les associations de protection de l’environnement, notamment l’ADET et Férus soient en possession d’informations que ni la presse ni les éleveurs concernés disposaient. D’où cette question : qui informe ? Qui manipule ?

Nous sommes tout aussi étonnés que l’Etat, dont sa représentante en Ariège, la préfète, n’apporte aucune réponse à la question fondamentale de ce que l’ADDIP et donc l’ASPAP, appelle « le scandale d’Etat ». Selon la coordination pyrénéenne, qui rassemble des associations mais aussi des élus, sans ce scandale « il n’y aurait jamais eu ni réintroduction d’ours en 1995-96 ni tous les problèmes qui depuis en découlent ». Elle rappelle également : « le Ministère de l’environnement a créé l’ADET en 1991 comme ‘une petite structure bâtie pour l’occasion permettant ainsi au projet d’être moins parisien’ et faire ainsi croire à l’Europe que les Pyrénéens étaient d’accord avec ces réintroductions. Il était pourtant informé de l’inverse par les services régionaux ».

C’est à travers ce rapport et une note interne de Gilbert Simon versée aux archives nationales que nous avons découvert que l’ADET-Pays de l’ours n’était qu’une association créée pour la circonstance et pour mieux tromper les acteurs locaux. Le financement de cette association par les pouvoirs publics est d’ailleurs toujours conséquent. Par contre l’Europe a cessé tout financement du programme d’introduction d’ours dans les Pyrénées dès 2000 lorsqu’elle s’est rendu compte de la supercherie. L’ADDIP précise : « Si l’Europe n’avait été ainsi trompée, par des personnes agissant au nom de l’État, elle n’aurait pas davantage réintroduit en 95-96 qu’elle ne l’a fait après et pour les mêmes raisons. Toutes les suites du programme ours découlent de ce mensonge initial ».

Il semble donc, selon les déclarations de madame la Préfète, que celle-ci n’ait pas fait de lien entre la colère légitime des éleveurs et les errements de l’Etat. Pour l’ADDIP et les éleveurs : « L’État doit assumer ce dysfonctionnement majeur du processus de décision, il met en jeu la gouvernance sous ses aspects à la fois de fond (politiques et moraux) et très concrets. Il faut en tirer les conséquences : enlever ces ours, les placer en un lieu où ils ne nuiront à personne ». Et elle précise à nouveau : « Il est inadmissible de continuer à faire payer à ceux qui ne le voulaient pas les conséquences de ce qui est une escroquerie d’État alors que l’Europe elle-même en a tiré les conclusions que nous venons de voir ».

Afin de rétablir la vérité sur ce qui s’est passé sur l’estive de Pouilh en Ariège-Pyrénées et plus généralement dans les montagnes du Couserans, une conférence de presse de l’ASPAP avec le berger, le président et des éleveurs du groupement pastoral impacté, est prévue le 9 octobre, 16h, salle de la bibliothèque de la municipalité d’Oust (Ariège). Selon nos informations, quelques révélations devraient être faites. Voilà qui ne manque pas d’intérêt.

Louis Dollo

La Préfète de l’Ariège aurait-elle dérapé ?

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