Test terrain : chaussons Millet Kalymnos

Millet nous présente son chausson Kalymnos comme un chausson qui serait la quadrature du cercle.
Un chausson soi-disant polyvalent et performant, confortable et agressif, pour les débutants comme pour les experts.

Un chausson a tout faire et bien ! Belle promesse….

 

CONDITIONS DU TEST :

Le test a duré 3 mois sur du Calcaire du Crétacé inférieur Hauterivien et de la Molasse du Miocène dans les Alpilles. (ça fait toujours plus scientifique !)

Il s’est déroulé sous un soleil de plomb, sous une couverture nuageuse menaçante, sous un froid glacial : + 12°C (c’est froid pour la région) et sous une pluie battante, oui oui, enfin dans une salle d’escalde de l’époque Anthropocène !

En ce qui concerne le profil, tout y est passé. De la dalle finette au toit le plus bourrin en passant par le dévers ‘normal’ !

 

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES :

J’avoue…. J’ai fait un copié-collé du site de Millet !

Ceci dit, ils savent mieux que moi comment et avec quoi sont fabriqués leurs chaussons.
Si vous pensiez que l’on avez un labo dans lequel on décortiquait le chausson au scanner et au spectromètre de masse, désolé de vous décevoir, fans de NCIS, il faudra passer votre chemin….

Donc ça donne :

Forme asymétrique plongeante, puissante en griffage
Tige cuir non doublée pour une sensation au plus près du pied.

Languette Mesh 3D rembourrée pour le confort
Fermeture 2 Velcros efficace et rapide
Tendeur talon parfait en poussée
Gomme 4PointsGripTM adhérente et durable

Matières :

Suede leather 1.6 mm upper

Sole 4PointsGripTM 4.5mm

Climbing Fit performance

 

OUVERTURE DU CARTON :

Pour ce qui est du style du Kalymnos, c’est une affaire de goût. Personnellement, je le trouve assez joli avec un mariage des couleurs réussi.

Par contre je ne comprends pas le logo ‘couronne’ sur l’avant du chausson, le rapport avec Millet ? Kalymnos ? J’ai raté un truc….

 

 

ERGONOMIE :

Le système avec doubles velcro a fait ses preuves depuis pas mal d’années.
La mise en place du pied est très facile grâce à une large ouverture.

Point important, la pointure du chausson ! Car sur le site de Millet il est mentionné qu’il y a une erreur dans la fabrication : ‘Conseil pour le choix de taille : un écart de taille a été constaté, nous vous conseillons de décaler votre pointure de 1,5 tailles, pour exemple une paire marquée 9 UK est en réalité un 7,5 UK’

En ce qui concerne mon essai, je chausse du 42 en chaussures de ville et j’avais des Kalymnos en 41 1/3. Ils m’ont parut très bien ajustés… C’est à dire que vous forcez un peu pour les mettre en place et vous vous dites que jamais vous ne pourrez poser le pied par terre… En général, les premières sensations, ça correspond à ‘pourquoi j’ai choisi l’escalade comme activité plutôt que le paddle ??’

Le confort reste une affaire de perception individuelle et dépend grandement de la forme du pied de chacun et de ses aptitudes personnelles à supporter le douloureux inconfort !

Malgré tout le chausson n’a pas un cambre très prononcé et possède une pointe plutôt ronde, associé à la souplesse générale cela favorise une mise en place facile du pied.

Une fois la première sensation de froissements d’orteils passée, le chausson s’avère être confortable.
Il ne présente aucun point de pression désagréable, bien aidé en cela par la languette Mesh rembourrée que je n’ai pas trouvée trop étroite contrairement à ce que j’avais pu lire.

Il enveloppe le pied de façon homogène et le système de serrage par velcro se montre efficace. Le velcro inférieur permet un bon gainage du pied.

 

ET SUR LA FALAISE ALORS ?

La première expérience avec le Kalymnos s’est faite dans un mur vertical technique.
Le chausson s’est avéré être un peu déroutant.
En fait, l’arrière du chausson est très souple et l’avant présentait une rigidité un peu plus marquée, ce qui ne le rendait pas homogène entre sensations et poussée.

Enfin, il faudrait qu’on me définisse exactement ce qu’est la précision. On a l’impression que c’est devenu un argument marketing. Mais il faut être honnête, ça dépend surtout de la faculté du grimpeur a posé son pied avec finesse et délicatesse en optimisant la préhension de l’interface gomme/rocher avec une poussée elle-même bien dirigée et dosée !!! (je ne me suis pas compris moi-même)

En bref, il faut un ‘outil’ fin et un touché expérimenté pour créer de la précision…

En ce qui concerne le premier critère de la précision, je trouve que la forme un peu trop arrondie de la pointe ne favorise pas une placement du pied très fin sur les petites prises.
De plus, la bande de retour de gomme derrière le talon n’est pas assez haute et surtout pas assez puissante, ce qui a pour conséquence de ne pas favoriser la transmission de poussée sur la pointe du pied.

Comme un bonheur n’arrive jamais seul, il faut avouer que la gomme 4PointsGrip s’est montrée bluffante d’adhérence et d’efficacité, c’est à n’en pas douter le point fort du chausson.

J’avoue avoir été perturbé par ce chausson au fur et à mesure des journées de test.

Je n’arrivais pas à lui trouver de cohérence. Surtout, je ne voyais pas où situer le chausson. En repensant à l’argumentaire de Millet, je ne m’y retrouvais pas !

 

Ni performant pour les experts, par manque de précision et par manque de puissance.

Ni vraiment facile pour un débutant car trop souple. Il s’est d’ailleurs beaucoup détendu donc faut-il réenvisager le problème de pointure ?

Il en devenait même désagréable sur les petites prises au fur et à mesure des journées de test car la rigidité relative de l’avant du chausson s’est évanouie rendant le chausson ‘mou’ !

 

 

Je commençais à désespérer de trouver au Kalymnos de réelles qualités quand par un jour de ‘j’ai pas trop l’temps’ je suis allé dans un spot de bloc-traversée bien bourrin dans un toit.
Et là, ce fût une révélation, le chausson est devenu d’une efficacité redoutable.
En fait, la qualité de sa gomme, associée à la souplesse du chausson permettent un griffé pertinent et une pose du pied à plat sécurisant apportant de vraies qualités dans le gros dévers.

Vous avez vraiment la sensation de pouvoir accrocher le moindre relief avec votre orteil vous délestant des quelques kilos désagréables qui ont tendance à se faire sentir dans ce combat inégale avec la gravité.

Fort de cette expérience et motivé comme jamais par mon sens du devoir ( bon, un jour de pluie, en fait !) , je suis allé faire du pan…


Et ce qui devait être un point fort, est resté un point fort ( dixit Jules César ou Jean-Claude Van Damme, je ne sais plus !). Trop facile les dévers, les toits, enfin d’un point de vue des pieds, pas forcément des avant-bras !!

 

Plus de problème de précision avec ces prises très en relief, la poussée devient suffisante surtout en dévers.

Par contre le petit soucis, de la bande de gomme arrière pas assez haute pose un problème sur les crochetages talon puissants puisque l’arrière du chausson se fait la malle.

 

 

Mais le griffé dans les toits devient un jeu d’enfants….

 

Alors que penser du Millet Kalymnos ?

Polyvalent ? sûrement pas.
Accessible ? Bon courage aux débutants ou alors aux débutants novices en pose de pieds pour qui le confort et l’adhérence seront déjà de précieux alliés.
Précis ? Vous m’envoyer vos photos de Mouries, du Cimaï ou tout autre mur vertical, léger dévers technique et je ne veux aucune grimace !

 

Alors pour grimper où ?

En fait, il fallait juste y penser le chausson Kalymnos est tout simplement très bien nommé puisque je pense que c’est effectivement à Kalymnos qu’il s’exprimera le mieux.
Je trouve que ce chausson est très spécifique. Il est très adapté pour les dévers prononcés, les toits et le pan où il se montre très efficace.

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