Francis de Noyelle, le naïf? de l’Annapurna

De cette expédition pionnière, où l’homme posait le pied sur un géant de la Terre, il revint entier, ne dépassa pas les 6500 m et fut le dernier à recevoir la Légion d’honneur. Et pourtant son action fut déterminante. Sur Maurice Herzog, les polémiques, le dernier témoin de l’aventure hors normes se confie.

«Mon père disait que j’étais un peu benêt. Mais ma naïveté m’a permis de profiter de la chance qui m’était offerte ». Fils de haut fonctionnaire, « pas très courageux », Francis de Noyelle, a le regard qui pétille. Et dans les yeux du diplomate, il y a tout sauf de la candeur. Il a échappé à son destin de rond de cuir, par la grâce de cette parenthèse inattendue. L’Histoire ne retient que ceux qui sont allés au sommet. A l’Annapurna, Maurice Herzog, qui devint ministre, et Louis Lachenal qui disparut dans une crevasse. Pourtant dans la conquête du premier 8000 de la Terre, ils étaient neuf dans cette équipe de France. Dont lui qui s’accommode de son destin de « faire-valoir ».

Aujourd’hui Francis de Noyelle, 94 ans est le dernier survivant. Le voilà, pas alerte, qui quitte son « refuge » (sic) et grimpe le coteau de Saint-Nicolas. C’est le quartier des VIP de Saint-Gervais (Haute-Savoie) où voisinent Jean-Christophe Rufin, le cinéaste Gilles Legrand ou l’aventurier Charles Hedrich. Chez ce dernier, nous rencontrons l’officier de liaison d’Annapurna 1950. Il se souvient qu’à l’époque, depuis 1936 et un échec au Karakorum, les Français ont une revanche à prendre en Himalaya. La concurrence est vive entre les nations pour le premier 8000. Le puissant patron de Fédération de la montagne (FFM), Lucien Devies, conçoit l’aventure de façon militaire.

Depuis le Quai d’Orsay, Francis de Noyelle suit l’affaire de près. Passionné d’Asie, le voilà attaché d’ambassade à New Delhi. 1948, c’est une époque d’instabilité dans le sous-continent mais il sent qu’au Népal, jusque-là royaume interdit, il y a une carte à jouer. Et de convaincre son ambassadeur de s’y intéresser. « Le Népal était à la recherche d’une reconnaissance internationale. » L’idée de valoriser le petit royaume à l’ombre de la grande Inde fait mouche. Le maharadja Mohan donne aux Français son autorisation en 1949 pour le Daulaghiri ou l’Annapurna. Et son expertise de la région convainc Devies de l’enrôler comme officier de liaison.

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